Porte de l'Amazonie, Belém symbolise en soi le caractère sacré de cette région transfigurée par une étrange et inhabituelle lumière que Johan Goethe, par sa théorie des couleurs et non sans autorité, assimilait, dans le genre, à un incontestable rayonnement universel, voire un mélange d'ombre et de lumière.
Pour prendre la mesure de l'influence que cette théorie a exercé à distance sur d'autres cultures certains analystes n'ont pas hésité à s'en référer à une sorte de dialogue imaginaire avec la littérature moderniste du Brésil qui doit son nom à une matière première, le braxil. Une appellationdérivée de l'anglais, et désignant aussiun arbre contenant un pigment rouge précisément incarné dans le bois de brésil, ou encore joliment nommé bois de sappan, utilisé dans la fabrication de la couleur.
Certains lieux communs, voire des clichés littéraires ont envahis par ailleurs et toujours dans la même démarche, les textes du naturaliste von Martius, Conseiller intime de S.M le roi de Bavière et qui, pour sa part, décrit méticuleusement les vingt-quatre heures d'une journée complète, en particulier le lever du soleil, depuis la terrasse de sa maison à Pará, dans l'embouchure de l'Amazone. Fascinant.
Manifestement un autre monde. Celui où l'énergie quantique se substitue quasi naturellement à la matière. Cette dernière n'étant au fond qu'un prétexte à la promotion de l'esthétique que l'on retrouve chez les auteurs brésiliens et partant, nous en jugerons, chez les chirurgiens plasticiens.
Illustration :
« Sous le ciel plombé, un cargo glisse pesamment. Les tapis flottants de jacinthes d'eau dansent à son passage et, sur le liseré vert des berges, les maisons de bois et de tôle se juchent sur des plates-formes, flottantes elles aussi - ou plus haut, sur des pilotis, à l'abri des crues. Tout, ici, ramène au fleuve, les pirogues scolaires, les bateaux-ambulances, les stations-service, les dispensaires et les bouis-bouis pieds dans l'eau. En amont de Manaus, le parc de Janauari exhibe ses caïmans et ses Victoria amazonica, ces incroyables nénuphars aux feuilles de trois mètres de diamètre alors qu'un hôte sous-marin facétieux, le dauphin de l'amazone, exhibe tour à tour son ventre rose et son dos gris, son bec fin et ses minuscules yeux noirs, pétillants et malicieux. »
En ce lieu mystérieux, on pourrait dire sacré - nous y venons - s'exprime, dans toute sa plénitude, la théorie du chirurgien plasticien selon Ivo Pitanguy, l'un des maîtres incontestés de la discipline et dont le docteur Valter Dos Santos fut un élève brillant et particulièrement respecté sinon préféré. (1)
Ce dernier, entré en chirurgie un peu comme on entre en religion, s'est notamment distingué en associant la technique de la chirurgie brésilienne et le perfectionnement de la chirurgie plastique française. Un cheminement réussi en bord de Méditerranée, entre Nice et Menton.
L'art - car s'en est un - consistant à établir une complicité créative entre le cerveau et les mains.
Explication :
« Les mains sont l´instrument primordial du cerveau. Ce dernier pense, elles exécutent. La main ne décide rien, elle suit. La médecine est un art appliqué, ce n´est pas quelque chose de normatif. C´est la créativité permanente, c´est aussi le bon sens. Il n´y a pas d´habilité, la main est l´instrument du cerveau. D´où l´importance de l´intellect. » rappelle le docteur Valter Dos Dantos.